Deux petits pèlerinages en Cornouaille

Nous sommes en juillet 2020 et il me reste encore quelques jours jusqu’à mon départ pour la Suisse pour y retrouver la Via Francigena au passage des Alpes. Les règles de confinement en Angleterre ont été remplacées par celles de la distance sociale, du port d’un masque et du nettoyage systématique des mains.

Il fait beau et Alan et moi optons pour sauter dans notre camping-car et nous diriger vers la Cornouaille, le comté voisin du nôtre. Deux pèlerinages d’une journée nous y attendent.

Le premier est le Chemin de St Michel qui mène les pèlerins (d’Irlande et d’ailleurs) de Lelant, sur la côte atlantique de la Cornouaille, au Mont St Michel anglais, sur la Manche. Ces quelques 17 km balisés sont en fait une étape du Chemin de St Jacques vers Compostelle.

Une étape en Cornouaille du Camino allant à St Jacques de Compostelle

Vanité des vanités… Parce que j’aimerais recueillir le sceau du Mont St Michel sur ma crédenciale, je triche un peu sur la chronologie et la logique des choses. D’abord le sceau, et le lendemain la marche du Mont St Michel à Lelant, tel une pèlerine qui reviendrait de Compostelle.

Le Mont St Michel anglais, ou plutôt St Michael’s Mount, est un endroit bien spécial, et cela de plusieurs points de vue : son histoire est riche en légendes, mystères et mythes, et la marée le rend inaccessible à pied pendant un bonne partie de la journée.

Alan sur la chaussée qui mène au Mt St Michel. La marée descend et l’accès à pied devient possible

Mais, ce qui rend cet endroit tant spécial à mes yeux, est qu’il se trouve à la croisée d’une série de courants telluriques. D’une part les lignes de Ste Marie et de St Michel qui font le tour de la terre en passant par le Lac Titicaca, Uluru (Ayer’s Rock), Mount Kailash, Glastonbury et le Mont St Michel anglais, et, d’autre part, les lignes d’Athéna et d’Apollon, qui elles passent par l’Ile de Skellig au large de l’Irlande, par les Monts St Michel anglais et français et continue jusqu’en Israël. Ces lignes correspondent à des courants énergétiques telluriques puissants reconnus par les anciens qui les choisissaient souvent pour y établir leurs lieux sacrés (cf. The Sun and the Serpent and The Dance of the Dragon par Paul Broadhurst and Hamish Miller). Il n’est dès lors pas surprenant que le nœud énergétique du Mont St Michel ait été reconnu comme un endroit mystique depuis la nuit des temps. Nous nous y rendons souvent, Alan et moi, juste pour le plaisir de nous retrouver dans ces énergies, tout comme nous aimons parcourir la campagne le long de ces lignes, pour y repérer les coins féériques qui abritent les quelques lutins qui peut-être existent encore.

Les deux courants telluriques de Ste Marie – St Michel et Athéna – Appolo

En fait, lorsqu’Alan et moi sommes venus nous installer en Angleterre, nous avons cherché un endroit sur un de ces courants telluriques. Angel House, notre maison, est située sur la ligne de Ste Marie, à Tedburn St Mary, ce que nous considérons comme un privilège. Nous sommes comme les gardiens de cette énergie sur ce petit bout de terrain et nous nous sentons soutenus dans notre croissance spirituelle par sa puissance et sa bienveillance.

Au départ du Mont St Michel

Mais revenons à nos moutons. Alan s’en va de son côté pour méditer auprès des nombreux cercles de pierre de la région et moi je m’embarque sur mon Chemin de St Michel avec le soleil dans le dos. Son parcours dégage un air de sérénité surprenant étant donné qu’il traverse des endroits plutôt urbanisés. Je traverse des marais très joliment aménagés et continue par de petits sentiers invitants qui évitent habilement les villes et villages. Je me retourne de temps en temps pour admirer le Mont St Michel.

Le Mont St Michel d’où je suis partie ce matin

Il y a quelques collines à grimper, quelques ruisseaux à franchir, quelques “stiles” à escalader, un jeune taureau espiègle à éviter, et j’arrive au fort de Trencrom Hill, un endroit néolithique en surplomb. Encore quelques kilomètres et je débouche soudainement sur le centre balnéaire de Carbis Bay tout près de St Ives. Le choc est grand. Après ces heures de solitude dans la nature, voici la civilisation en costume de bain. Je reprends vite le chemin à flanc de coteau jusqu’au fond de l’estuaire où débarquaient les bateaux d’Irlande. Je suis très contente de ma journée, mais un peu déboussolée d’avoir fait le trajet à rebours.

Je retrouve Alan, et nous partons chercher un joli coin pour y installer notre camping-car pour la nuit.

Petit arrêt pour admirer ce beau cercle près de Penzance, The Merry Maidens of Boleigh

Alan se joint à moi pour le deuxième pèlerinage car celui-ci consiste à trouver l’endroit où les courants telluriques de Ste Marie et de St Michel se rejoignent avant d’entrer dans l’Océan Atlantique. Nous longeons la côte pendant plusieurs kilomètres. Il fait très beau et la plupart des gens ont opté pour les plages, donc nous sommes seuls. Le paysage est merveilleux et j’ai envie de danser de joie, de chanter à tue-tête, de lancer mon chapeau en l’air. Plus on s’approche de l’endroit recherché cependant, plus je me sens ralentir pour marcher en silence, recueillie devant tellement de majesté et de puissance.

Le chemin côtier au sud-ouest de la Cornouaille

Lorsque nous arrivons à notre but, le Carn Lês Boel, il n’y a pas grand chose à voir peut-être, à part deux petits nuages cocasses à l’horizon, mais nous sommes exaltés. C’est un moment fort. J’ai l’impression d’accompagner des amis très chers jusqu’à leur départ vers les Amériques. Nous chargeons “nos lignes” de nos bons messages et bénédictions pour tous les peuples qu’elles vont rencontrer dans leur périple autour du monde et restons aussi longtemps que nous pouvons à flâner, heureux, dans ce lieu magique.

Carn Lês Boel où les lignes telluriques de Ste Marie et St Michel se rencontrent avant de quitter la Grande Bretagne
et un petit selfie pour marquer l’occasion

Pour ceux qui auraient envie de faire l’expérience des courants telluriques de Ste Marie et de St Michel, le British Pilgrimage Trust a créé un trajet de pèlerinage qui les suit sur toute la traversée de l’Angleterre https://britishpilgrimage.org/portfolio/mary-and-michael-pilgrims-way/. Un petit conseil cependant : la plupart des pèlerinages suggérés par cette organisation sont nouveaux (ou nouvellement rétablis) et n’ont pas encore d’infrastructure d’accueil, donc il vaut mieux bien se préparer avant de se lancer sur une de ces routes.

En fait, marcher sur notre terre est une expérience spirituelle, où que l’on soit, si l’on veut bien ouvrir ses sens aux cadeaux que nous offre Dame Nature. J’aime également me connecter à travers l’Histoire avec l’idée que pendant des siècles, des gens ont cheminé sur les routes que j’emprunte. Cela me donne un goût de l’unité que je recherche, unité entre tous et avec tout.

Prête pour une nouvelle aventure dans quelques jours : la Via Francigena au passage des Alpes

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